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« Je vis libre, indépendante, et je veux le rester… Si je me refuse avec tant d’obstination, c’est que l’amour me fait peur… Pourtant, je suis comme les autres, et je sais qu’un jour je capitulerai. Mais, jusqu’à maintenant, ce jour-là n’est pas venu, et celui qui doit me vaincre ne m’est pas encore apparu.

Tante Adèle comprenait un peu, pas encore tout à fait cependant.

Mais, en bonne diplomate, elle ne voulut point pousser plus loin l’entretien ce soir-là.

— Tu n’es qu’une enfant ! dit-elle… Il faut chasser les mauvaises idées et, lorsque tu te sentiras ainsi portée vers l’inconnu de tes rêves, essaye seulement de mettre un nom sur le visage de cet amant. Alors, tu auras trouvé ton vainqueur et tu seras sauvée…

— Crois-tu que ce soit si facile ? répondit Laure.

Elle avait repris soudain son ton d’ironie coutumière, et elle ajoutait :

— Bah ! ne te tracasse pas pour moi ! Je suis riche, je peux vivre à ma guise !… Le reste importe peu !…