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ii


La brave tante Adèle réfléchit longuement à cet entretien. Et le résultat de ses réflexions fut que le lendemain, elle se disait :

— Puisque Laure ne veut pas mettre de nom sur le visage de son inconnu, c’est à moi d’agir.

Agir, pour elle, c’était susciter une démarche d’un des soupirants de sa nièce. Et naturellement, elle n’hésita pas : elle choisit celui pour lequel elle avait une préférence, ce Gérard d’Herblay qu’elle tenait à donner à Laure pour mari.

Ne voulant pas attendre pour mettre son projet à exécution, elle s’en fut le jour même chez Mme d’Herblay mère, laquelle était une de ses meilleures amies.

— Ma chère, lui dit-elle, j’ai parlé à Laure. Cette enfant ne sait vraiment pas ce qu’elle veut. Mais ma conversation a tout de même eu un résultat. J’avais craint un instant qu’elle ne repoussât Gérard parce que son cœur était pris d’un autre côté ! Il n’en est rien heureusement. Et je crois bien que si votre fils faisait une démarche personnelle auprès d’elle, et s’il savait s’y prendre, nous verrions se réaliser notre projet.

— Vous en êtes sûre ? Comme Gérard va être content ! Il est tellement amoureux qu’il en perd le boire et le manger.

— Oh ! Je ne pense pas qu’il réussisse du premier coup ! Laure reste une jeune fille étrange… ce sera une conquête difficile, mais je la crois disposée à écouter favorablement celui qui saura lui parler. Et qui saurait mieux la convaincre que votre fils ?

— Nul autre certainement. Car l’amour lui donnera des arguments sans réplique pour convaincre votre belle mystérieuse.

Il fut convenu entre les deux amies que Gérard se présenterait le lendemain chez Laure, et que la tante Adèle préparerait celle-ci à recevoir la démarche du jeune ingénieur.

C’était là une mission délicate, car il fallait éviter à tout