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histoire de l'abbaye des écharlis

rendre aux Écharlis pour juger l’affaire. L’évêque d’Auxerre, appelé aussi par les religieux, vient au monastère ; il se fait assister de l’archidiacre Guillaume, de Pierre, chapelain de l’archevêque, des abhés Girard de Saint-Pierre-le-Vif, Joduin de Fontainejean, Étienne de Régny, Norpard de Vauluisant, de Gaufroi, curé de La Ferté, Isembard, curé de Précy, et du doyen Gaultier, pour les religieux, du prieur de Joigny et de Odon de Toucy pour Séguin. D’un commun accord, ils rendent, en 1152, la sentence suivante : les moines pourront défricher et convertir en pré soixante arpents de bois en plus de ceux qu’ils ont déjà défrichés ; ils auront le droit d’usage dans la forêt de Séguin, jusqu’à l’Yonne, la faculté de prendre du bois et de le transporter dans toutes leurs propriétés, mais non en donner ou en vendre ; ils ne pourront pas détruire les haies établies pour la défense des habitations ni empêcher de les reconstruire au cas où elles seraient détruites par la guerre ou l’incendie ; ils auront enfin la liberté de faire paître les porcs et autres animaux domestiques dans toute la forêt.

Les deux parties acceptent cette sentence en présence des arbitres et de beaucoup d’autres personnages.

On se rend ensuite à La Ferté demander le consentement de Rachel, femme de Séguin, et de ses fils Séguin et Vivien. Tous les trois approuvent le jugement devant Gaufroi, curé de La Ferté, Renaud, curé de Cudot, etc[1].

Séguin sait se rappeler qu’il est le fils des pieux fondateurs de l’abbaye et se conduit en homme d’honneur et en chrétien repentant. Non content de donner son plein et entier assentiment à la décision des juges, il tient encore à réparer le grave dommage qu’il a causé. En cette même année (1152), il fait don au monastère, pour en jouir perpétuellement à sa mort, de tout ce qu’il possède en terres et bois, entre la grange des Vieux-Écharlis et le bois des Sources, et de divers autres immeubles, en présence de Jobert, prieur des Écharlis, des moines Adam et Lambert, de Renaud, curé de Cudot, etc. Rachel, Séguin, Vivien et Damet, fille de Vivien, approuvent cette donation, devant Ansallon, curé de Sépeaux, Gaufroi, curé de La Ferté, Jobert, moine de Sommecaise, etc.[2].

Le monastère, sous la direction de Landry, quatrième abbé (1142-1162 environ), s’établit définitivement à Villare et ne

  1. Quantin, Cartulaire de l’Yonne, I, p. 499,
  2. Id. ibid., I, p. 501.