Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/133

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cierges, dans ce jour d’arc-en-ciel que donnent aux rayons blancs et crus les facettes des verrières, tandis qu’une partie des fidèles reste opiniâtrement agenouillée ou prosternée devant les pieuses images, ceux qui entrent continuent et terminent la procession commencée au dehors. À la chapelle de droite, dont le retable est décoré d’un tableau de Crayer représentant le patron du sanctuaire, un prêtre bénit le défilé des passants. En face, un fabricien tient les comptes de la trésorerie et inscrit les amateurs dans la confrérie de Saint-Corneille contre le versement annuel d’un denier dérisoire. Seulement ce denier, multiplié des milliers de fois, assure à la fabrique un revenu de millionnaire. Au même comptoir se vendent des cierges, des prières, et cette petite bannière en papier triangulaire, commune par la forme à tous les pèlerinages célèbres, mais différant par le texte et le dessin. Ici, elle représente le pape martyr, invoqué par les malheureux. Sous cette composition naïve sont célébrés en français et en flamand les mérites du céleste guérisseur. Il faut voir comme cette pieuse boutique est achalandée le lundi de Pâques ; comme les humbles s’empressent de se faire inscrire dans les registres de la confrérie ; comme la monnaie de cuivre et d’argent est ramenée vers la caisse par des doigts aussi vigilants que le râteau d’un croupier.

Plus loin, au bas du chœur, devant le banc de communion, un second prêtre donne à baiser une relique de saint Corneille renfermée dans une sorte de corne incrustée d’argent. La procession ne discontinue pas. Abîmées dans leur prostration extatique les vieilles