Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/179

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IV


Je me rendais à Babylonia, lorsque je le rencontrai ; je l’accostai, ravi de le voir sur pied. Il était un peu pâlot, mais l’œil se ravivait et il marchait aussi délibérément que jamais. Il portait son costume de travail et son attirail d’outils battait à son côté. Comme nous cheminions, je l’adjurai de se contenir et de ne pas pousser à bout ces enragés qui finiraient par le descendre. Il ne parut guère convaincu du danger :

— Hé vivat ! faisait-il, enjoué et expansif selon son habitude. Est-ce ma faute à moi, monsieur, si les voisines sont belles et si leurs jaloux ne les contentent pas comme elles le méritent ? À qui la sève, à lui les fruits ! Voici la saison où les bourgeons s’aoûtent sur le brout et où les premières fleurs se nouent. Les merles s’appareillent ; imitons-les. Des filles, de tendres filles ! J’ai suffisamment jeuné !…