Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

côté de la table lui faisait face. À quatre ils coupaient la retraite au menuisier.

Genovéva rentra. Ses mains tremblantes faisaient tintinabuler les verres portés sur un cabaret.

— C’est bien, fille. Sortez maintenant. Nous vous appellerons lorsque nous aurons besoin de vous.

Elle avait laissé la porte entr’ouverte. Le vieux Mollendraf se leva flegmatiquement pour la clore ; puis se rasseyant :

— Ce qui est fait est fait. Marcus, reprit-il. Véva, notre trésor de fille, a fauté. Au lieu d’attendre que son père lui trouvât un mari de sa condition, elle s’amourachait de vous et vous en profitiez si bien que la voilà grosse de vos œuvres… Un autre prendrait les choses au plus mal, Mark, et après vous avoir cassé les reins comme au méchant enjôleur que vous êtes, il accepterait et publierait la honte de la sotte enfant ; puis il attendrait un gendre de son choix qui voulût bien passer l’éponge sur l’aventure. Mais je préfère, puisque notre Véva vous aime, vous la donner et vous permettre ainsi de réparer le mal. On accepte, pas vrai, Marcus ?… Pauw, débouchez le cruchon, vieux… Je dirai, tout en buvant, comment j’entends établir ma fille…

— Permettez, cousin, dit le menuisier, mais vous attelez en ce moment la charrue avant les bœufs. Moi, je n’éprouve pas la moindre envie de me marier. Je viens de le déclarer à Véva elle-même. Probablement l’aurez-vous entendu.

— Tatata ! Vous changerez d’avis, reprit le vieux fermier du même ton ironiquement bienveillant, et cela