Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/205

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— Ainsi vous n’êtes pas le diable ! Que ne le proclamiez-vous plus tôt ! Au fait, Lucifer a le pied de bouc. Diable ou non, messire, vous me fîtes une belle peur à moi, un soukelaire qui ne taquinerait pas une mouche ! Aussi à présent, Esprit de Noël, esprit chéri, permettez que je me retire. Il y a quelque part une femme et des petits que mon absence alarme. Il m’attendaient… Tenez, nous voulions vous fêter… sabler une pinte en votre honneur…

— Ramasse cette cognée ! fit l’Esprit en indiquant au malheureux un outil oublié sans doute par un bûcheron géant.

Stann obéit, étonné que cette hache ne pesât pas davantage.

— Bien. Maintenant abats cet arbre…

— Celui-ci ? Mais je n’en viendrai jamais à bout.

— Je le veux !

Non sans geindre et ahaner, il s’improvisa bûcheron. Il venait a peine de mettre la cognée au pied du hêtre superbe une le colosse s’abattit avec un bruit sourd.

— C’est parfait, dit le vieillard. Maintenant il s’agit d’équarrir et de débiter ce vaincu. Voici la scie…

— Pitié, messire, pour un simple terrassier… Je ne suis ni bûcheron, ni scieur de long… et je gâcherais votre ouvrage. Puis, j’ai charge d’âmes et l’on se lamente là-bas.

— Exécute d’abord mes ordres. Nous songerons plus tard à ta famille.

Stann obtempéra de nouveau à cette sommation.

Le hêtre féri s’encrouait aux extrémités dans les maî-