Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/78

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Nous avions pris une sente, courant à travers les emblavures, derrière la ferme Ambroes, à gauche de la grand’route. À quelques minutes de là, nous longeâmes un petit bois de chênes et brusquement derrière celui-ci mon père me signala notre domaine.

Modeste cottage, tu me hantes encore, surtout à l’époque des premières feuilles, et par un temps tiède et émollient d’équinoxe, comme il faisait ce jour mémorable… Mais j’entretiens et je caresse le souvenir triste et doux de tes blanches parois. C’était la maisonnette la plus simple, la plus discrète qu’on pût imaginer. Elle n’avait qu’un étage et contenait quatre chambres en tout. Sur le côté, une dépendance avec poulailler servirait de hangar et de refuge au jardinier. En attendant, le frère de Yana y avait logé une jolie chevrette blanche qui bêlait à pleine gorge à notre approche et qu’il courut lâcher. Des espaliers quadrillaient le mur exposé au Midi. L’enclos, limité par une haie de hêtres, moitié verger, moitié jardin d’agrément, embrassait une étendue de trois mille mètres. Devant la maison était un carré de gazon anglais que traversait un petit chemin partant de l’entrée en claire-voie pour s’arrêter à l’entrée de la maison. Des bosquets touffus composés de platanes, de marronniers, de chênes d’Amérique et de bouleaux ménageaient des deux côtés de l’habitation de délicieuses retraites pour la lecture ou la rêverie. En faisant le tour de la propriété, mon auteur m’exposait avec chaleur les modifications projetées. Là viendrait un massif de rhododendrons, plus loin un parc de roses d’Orléans, autre part des fourrés de lilas. Il me consul-