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Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/79

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La Vengeance de Phanor

Mais n’ayant point sondé toutes nos perfidies,
Sans doute il n’aurait pu faire encore une fois
Le trajet jusqu’au bord.
Le trajet jusqu’au bord.Son maître, de la voix
L’appelait ; attendant qu’il fût à sa portée.
Enfin… il arriva… Mais la pierre jetée
Manqua le but, tandis que l’homme, le bourreau,
Entraîné par l’élan, glissait, tombait à l’eau.

Alors il arriva ce qu’on ne pourrait croire,
Si dans le cabaret le mousse en train de boire
En entendant des cris n’avait couru dehors.
C’est lui qui raconta les généreux efforts
Que le malheureux chien, à cette heure suprême,
Plus qu’épuisé déjà par le péril lui-même,
A faits pour retirer l’homme du sein des flots.
(Et ce jeune marin, c’est avec des sanglots
Qu’il nous a relaté cette épique aventure,
Où le chien mieux que nous honore la nature.)
Phanor, l’ayant traîné, froid et sans mouvement,
Mais vivant, jusqu’au bord, se coucha doucement
Près de lui, le flairant, lui léchant le visage.
Et, lorsqu’on emporta l’homme au prochain village,
Afin de le vêtir, de le réconforter,