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LES FUSILLÉS DE MALINES

familiarité brutale, l’action expéditive contrastant avec la physionomie penaude, Rik l’Espiègle et ses aides chargent sur leurs épaules et déposent dans la rue, malgré leurs protestations, une légion d’otages et de proscrits : prêtres insermentés attendant leur déportation aux îles de Rhé et d’Oléron ou à Cayenne, gentilshommes, nobles dames, patriciens, banquiers, répondant sur leur fortune et même sur leur tête de la soumission de quelque jeune héritier réfractaire.

Reconnaissant leur méprise, les aristocrates remercient leurs sauveurs, mais il s’en faut qu’ils manifestent leur gratitude avec autant d’ardeur que ces humbles envoyés de la Providence en témoignèrent à les extraire de leur prison. Quelle circonspection, quels termes mesurés, quel ton de condescendance ces gens de qualité emploient pour reconnaître le capital service que ces manants leur rendent sans barguigner !

— Et vous êtes partis ce matin de votre village ?… Et vous n’étiez que cent pour risquer ce coup ! Et vous croyez l’emporter