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LES FUSILLÉS DE MALINES

l’abattoir, s’engouffra par la brèche à leur suite et se répandit dans les rues latérales.

Mais, après une centaine de pas, s’étant écarté pour laisser passer cette ruée de fugitifs, le bataillon de Chiel le Torse s’arrêta pour protéger leur fuite, et l’infanterie française, revenue de son abasourdissement, tomba, rue du Bruul, sur un carré de gaillards, déterminés, malgré leur infériorité numérique et leur armement précaire, à lui refuser le passage à leur tour, et à se faire tuer jusqu’au dernier plutôt que de reculer d’une semelle.

Exaspérés par la résistance inopinée qu’ils rencontraient de la part de ces méprisables bagaudes, ils se mirent à tirer dessus, à coups redoublés, à les cribler de mitraille, comme s’il s’agissait de les pulvériser, de les réduire en bouillie.

En dépit de la frénésie de l’attaque, ceux-ci, les fermes garçons, ne bronchèrent pas. Il en tomba déjà de ceux qu’avaient communié le prêtre et épousé les plus belles ! Leurs camarades serraient les files et se retranchaient derrière les cadavres.

Au premier rang, Chiel, le Schalk,