Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
LES FUSILLÉS DE MALINES

temps les soldats pour assurer le salut de tout leur monde.

Alors s’ouvrit une furieuse chasse à l’homme. La meute débûchait le gibier, le joignait, l’acculait malgré la longueur de ses randonnées.

Le gros de la bande s’était réfugié entre les Bailles de Fer, place tendue de chaînes et, par conséquent, à l’abri d’une attaque de la cavalerie, mais où vinrent les pincer en bloc quelques piquets de fantassins.

Le reste se fit arrêter un peu partout. On en repêcha qui s’étaient jetés à la nage dans la Dyle ; on en prit qu’un chaland cachait au fond de sa cale.

Les ingrats cabaretiers expulsaient sans vergogne les plus prodigues des buveurs, et, pareils à des grives s’embarrassant dans les tenderies, beaucoup de pauvres diables ahuris, hébétés, complètement ivres, ignorant le retour des Français, allaient se jeter en titubant sur les gendarmes.

Ailleurs les soldats envahissaient la brasserie, renversaient tables et pintes, cueillaient, derrière le comptoir ou le culbutis des escabeaux, le bougre trop conscient