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LES FUSILLÉS DE MALINES

supplice, un premier convoi de quinze condamnés. On réveilla ceux qui dormaient et on les fit marcher sans rien leur dire de leur destination. Les paysans n’auraient jamais cru ces soldats bien armés capables d’assassiner de sang froid des ennemis sans défense. Les bourreaux mêmes chôment pendant la nuit.

À quelques paroles surprises de la conversation des guichetiers avec les soldats, les condamnés pensèrent qu’on allait les diriger sur Anvers. En conséquence, ils se munirent de leurs menus bagages renfermés dans un foulard de cotonnade et du bissac contenant leur reste de pain bis.

Ils cheminèrent entre deux rangs de soldats et de porteurs de torches. Une escouade ouvrait la marche, une autre la fermait. Ils arrivèrent dans cet ordre au cimetière de Saint-Rombaut. Là, on adossa ces quinze hommes, au mur de l’église, à environ un mètre l’un de l’autre, et six soldats s’alignèrent à dix pas, en face de chacun des condamnés.

Devinant alors seulement la vérité, chez beaucoup de ces pauvres diables que