danser une carmagnole féroce sur le remblai. De loin, en voyant tournoyer et vaciller les torches entre leurs mains, on aurait dit d’un sabbat ou de quelque danse du scalp.
Or, ces quarante et un blousiers du pays de Malines furent les premiers martyrs de la cause patriale. Une chronique sommaire, un froid procès-verbal consigné dans les archives de la ville, ne nous a perpétué leurs noms qu’en les estropiant, et l’annaliste n’a pas songé davantage à rebouter l’orthographe de leurs paroisses d’origine.
De monument, bronze ou marbre ? Point. Ni pierre tumulaire, ni même de croix expiatoire. Mais qui donc, en dehors des archéologues qui leur portent un intérêt professionnel, et témoignent à leur endroit une docte et frigide curiosité, entendit jamais mentionner ces obscurs pâlots !
À la différence des classiques victimes du duc d’Albe, ces va-nu-pieds marchèrent à la mort sans marcher à la postérité.
Moi, qui chéris et vénère la mémoire de ces patriotes impolitiques, j’essayai de fixer