Page:Eekhoud - Myrtes & Cyprès, 1877.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
Myrtes et Cyprès.

Une âme semblable à la lyre
Dont l’amour a fait les accords,
Une âme au sublime délire,
Vaste comme une mer sans bords,

Et, comme la lyre d’Orphée,
Tu suspends l’haleine des vents :
La brise s’éteint, étouffée
Au fond de tes soupirs vibrants.

Et moi, qui t’écoute en silence,
Moi qui parfois, à tes côtés,
Suis les pages de ta romance,
Les yeux de larmes humectés,

Je crois m’élever de la terre :
Car, enivré par tes accents,
Ton chant paraît une prière
Qui monte au ciel avec l’encens !


Granges, canton de Soleure (Suisse), 11 octobre 1867.