Le dîner fut charmant, arrosé de bon vin,
Qui dilate le cœur et provoque l’entrain
Du couplet folichon sur la lèvre rieuse.
Ce n’est pas qu’en causant des choses du passé,
Quelque point noir soudain ne se soit redressé,
Comme un spectre jaloux, à la table joyeuse ;
Mais il disparaissait aux coups de la gaîté :
Sur le front qu’un instant il avait attristé
S’effaçait sans tarder l’impression pénible.
Le soleil nous lorgnait à travers les carreaux,
En bon enfant qu’il est caressait les rideaux,
Et ses rayons prenaient nos verres comme cible.
Le clocher du hameau se dressait près de nous,
Svelte et pointu ; l’horloge au son vibrant et doux
Venait nous avertir du vol léger de l’heure…
Et moi, cessant parfois d’égayer vos propos,
Je contemplais rêveur la campagne au repos,
Sous un de ces azurs qu’un blanc flocon effleure.
Page:Eekhoud - Myrtes & Cyprès, 1877.djvu/37
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
Myrtes et Cyprès.