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Page:Eekhoud - Myrtes & Cyprès, 1877.djvu/38

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Myrtes et Cyprès.


En marche ! encore à l’air ! Seulement, cette fois,
En suivant la grand’route et côtoyant les bois,
Nous sommes arrivés aux collines de sable ;
Et, sautant en trois bonds de la base au sommet,
Nous avons à nos pieds, morne et sévère aspect,
La plaine qui s’étend, immense, interminable.

Quelque chose me charme et m’émeut tour à tour :
Ce calme si profond à la chute du jour,
Ces bruyères courant jusqu’à perte de vue,
Font un puissant effet sur l’âme, et le néant
De l’homme, qui se croit taillé comme un géant,
Se tait dans ce silence et dans cette étendue.

Maintenant, au retour ! Faut-il parler des fleurs,
Du champêtre bouquet, aux piquantes senteurs,
Cueilli dans les fossés qui longent l’avenue,
Et que j’ai conservé jauni, séché, fané,
Emblème du bonheur qui s’échappe égrené,
Dont on cherche plus tard la couleur disparue.