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Page:Eekhoud - Raymonne, 1878.djvu/12

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L’IDYLLE.


Tu m’aimes ? À présent qu’importent la corvée
À l’aide de sueur et de sang achevée,
Les dîmes et les coups, le servage écrasant,
Si je t’ai blanche fleur que nul mal n’a souillée,
Si ta paupière d’ange, en ce moment mouillée
L’est pour moi ! Sois béni, Dieu, maître bienfaisant.

Il couvrit de baisers ce front pur et candide.
Elle n’osait, sur lui, lever son œil timide
Ne pouvait lui parler tant son cœur battait fort,
Mais ils planaient aux Cieux dans une extase égale
Que ne déflorait point la volupté brutale,
Peut-être espéraient-ils en ce moment la mort ?