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Page:Eekhoud - Raymonne, 1878.djvu/31

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VII.

CONCLUSION DE L’IDYLLE.


 
— Ô brises de Juillet, foins coupés dans les plaines,
Acres senteurs des bois, enivrantes haleines,
Frissons mystérieux, feuilles qui palpitez,
Murmures étouffés comme un soupir de femme ;
Je crois que cette nuit la nature se pâme
Dans un immense amour sous les cieux argentés.

Je crois que cette nuit, chacun vit, chacun aime.
Ô lune, est-ce un baiser qui rougit ton front blême ?…
Regarde nous alors et veille sur nos pas !
Nous sommes deux amants, deux époux ! Si l’aurore
Fut charmante, la nuit est plus touchante encore…
Raymonne ne crains pas de peser à mon bras.

Venez mes beaux enfants nous a dit la nature.
Fuyez les murs croulants de votre manse obscure ;
Je vous offre mes bois, leurs parfums, leur fraîcheur.
Demandez aux oiseaux qui nichent dans la mousse
S’il est pour les amants une couche plus douce,
S’il est pour l’abandon un asile meilleur ?