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Page:Eekhoud - Raymonne, 1878.djvu/9

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I.

L’IDYLLE.


Dans la manse du serf que l’aube pâle argente
Ils sont deux : elle et lui. La saison diligente,
Avril, le doux printemps a réveillé l’amour,
Huguet, l’obscur manant se penche sur Raymonne.
Le gars robuste épris de la fille mignonne
Lui parle en attendant qu’elle chante à son tour.

Les merles font chorus au dehors. L’air pénètre
En brises de senteurs par l’unique fenêtre.
Les ombres de la nuit s’effacent dans le ciel,
Les bois et les côteaux sont couverts de rosée,
Le papillon volage et l’abeille empressée
Visitent l’aubépine et dérobent son miel.

Raymonne est une enfant par le cœur et la taille ;
Pour la grâce il n’est pas de fille qui la vaille.
Châtelaine jamais n’eut rayons si divins
Dans les yeux, sur la bouche un si charmant sourire.
Lorsqu’on la voit passer on ne peut que redire :
Cette ange n’était pas faite pour nos chemins.