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créé dans la pensée commune, à cette négation sous toutes les formes, succédait un faisceau de faits et d’idées si remarquablement assemblé que tous les yeux s’y reportaient avec complaisance, jaloux d’en étudier les secrets. En un mot, les nouvelles doctrines étaient de nature à satisfaire l’intelligence, à enflammer l’imagination, à émouvoir le cœur. Les disciples de Sakya apportaient à ce peuple, avide de tout connaître, une religion douée d’un système théologique, d’une morale définie et d’un rituel complet.

C’est surtout au IXe siècle que la propagande bouddhiste fut couronnée des succès les plus décisifs, par le fait du nommé Koukai, plus connu sous le nom de Kobo-daishi. De par les prédications de ce bonze à la fois habile et remuant, le peuple japonais fut tout à coup averti que les divinités auxquelles il rendait un culte depuis près de quinze siècles, n’étaient que des manifestations, voire des transmigrations du Bouddha lui-même. Kobo-daishi se contenta donc de leur donner un autre nom. D’Amatéras, la déesse du Soleil, il fit tout simplement Amida. De même, le héros Ojine Tenno se transforma en Hatchiman, dieu de la Guerre, et ainsi de suite. Tous les Kamis, uniformément, passèrent ainsi dans la nouvelle confession, acceptés par les prêtres bouddhistes et confondus avec leurs propres divinités. Cette doctrine fusionniste, à laquelle on donna le nom de Riyo Boushinto, eut bientôt accès au palais mikadonial et dans les temples des provinces, grâce à la protection de l’empereur Saga,