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usurpateurs, qui retinrent pendant des siècles entre leurs mains l’autorité souveraine.

Si en principe, donc, le bouddhisme n’a pas cessé d’admettre la descendance divine des Mikados, en fait. il a porté de rudes atteintes à son pouvoir incontesté. Aussi les rénovateurs du Shintoïsme ne s’y trompèrent-ils point. Ils savaient fort bien qu’en discréditant les dogmes d’importation étrangère, ils aboutiraient en définitive à rendre au Mikado la puissance temporelle qui lui avait été enlevée par les usurpateurs. En ressuscitant le culte d’Amatéras et de son divin descendant, ils minaient en réalité le seul Shogounat, lequel finit par s’effondrer en 1867.

Il n’est, dès lors, pas étonnant que depuis cette révolution, qui mit fin à la dualité du pouvoir, le mouvement de réforme et de restauration ait pris un essor de plus en plus marqué. Nombre de temples bouddhistes sont fermés et rendus aux prêtres des Kamis. Partout où le vandalisme administratif peut s’exercer sans attirer des récriminations, il gratte les peintures, enlève les images d’importation hindoue et remplace ce pompeux étalage par les seuls emblèmes d’Amatéras. Mais là se borne cette persécution calculée. Nulle part on ne cherche à peser sur les consciences ni à user de violence pour déterminer un courant en sens contraire.

Du reste, tandis que le peuple conserve par routine ses croyances composites, les classes supérieures portées par leur éducation au scepticisme le plus complet,