Page:Eggermont - Le Japon, histoire et religion.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 30

dique consacrée à chacun des Kamis, qui a le privilège d’attirer le plus grand nombre de fidèles et de causer à la foule des transports de joie universelle.

À ces dévotions ambulatoires se joignent des observances et des jeûnes doublés de précautions superstitieuses, la croyance aux spectres et aux sorciers. Toute la ferveur japonaise repose à la fois sur un credo de légendes et sur une anthologie de contes de fées.

Comme nous croyons l’avoir suffisamment indiqué, l’introduction du Bouddhisme au Nippon et sa fusion absorbante avec la religion primitive n’ont rien changé dans les idées nationales, à l’égard de la personne sacrée du Mikado. Celui-ci est aujourd’hui, ainsi qu’autrefois, considéré par la masse comme issu de la divinité créatrice de l’Empire du Soleil levant.

On est donc amené à se demander pourquoi le gouvernement emploie tous ses efforts à l’extirpation du Bouddhisme, au profit de l’antique Shintoïsme. Le motif en est bien simple, pour peu qu’on veuille se rendre compte du rôle que le culte importé a joué pendant la période la plus tourmentée de l’histoire japonaise.

La lutte religieuse a pris naissance vers le XVe siècle.

À cette époque, les sectateurs du Bouddha eurent le grand tort de s’ingérer dans les affaires du gouvernement. Ils allèrent même jusqu’à rompre en visière avec la justice impériale, en accordant le droit d’asile aux malfaiteurs et aux rebelles. Plus tard enfin, ils se firent les secrets alliés des Shogouns, ces lieutenants