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L’élément prétorien, renfermé dans la première classe, forma rapidement une aristocratie ombrageuse et turbulente, avide de privilèges et d’autorité. Quant à la classe inférieure, elle n’avait qu’à courber le front.

Bien que le peuple fût, en principe, l’objet de la sollicitude impériale, il était constamment tenu dans un état d’infériorité assimilable au Servage. Il se trouvait complètement à la merci des Daïmios, potentats recourant au mandat impérial, moins dans l’intérêt de l’Empire que dans celui de leur propre suprématie.

Mais si le peuple dépendait des Daïmios, ses seigneurs directs et naturels, ceux-ci subissaient à leur tour la loi de personnages plus influents et, par-dessus tout, celle des Koughés ou nobles de la cour. En effet, les simples Daïmios, prudemment tenus à distance par une ambitieuse oligarchie, n’étaient jamais admis au conseil du Mikado ni à la garde du palais, et ne jouissaient conséquemment que d’une autorité limitée, comparable à celle de nos propres hobereaux.

Les Koughés, assez nombreux, se composaient non seulement des descendants impériaux en ligne collatérale, mais encore des enfants issus des douze concubines officielles du Mikado. Par parenthèse, on avait eu recours au moyen prolifique que nous venons d’indiquer afin d’éviter dans la lignée mikadoniale une interruption qui eût été fatale à son origine surnaturelle. C’est dans le même but qu’il était permis au souverain de se choisir un successeur, par voie d’adoption solennelle, dans les quatre grandes familles qui jouis-