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de chaque district sont doublés d’un général commandant. Une taxe régulière est levée en vue de l’entretien d’armées permanentes, prêtes à se réunir au moindre signal et à marcher à l’ennemi. Enfin, pour assurer le fonctionnement du système inauguré par lui, il établit, à tous les étages de l’administration, un régime de contrôle et de surveillance si puissant qu’il laissera dans le sol japonais des vestiges encore apparents même de nos jours.

Investi par l’Empereur du droit de répartir les récompenses et les faveurs, Yoritomo en profite pour augmenter le nombre de ses partisans et pour asseoir son omnipotence. Qui pourrait d’ailleurs lui tenir tête a présent ? Du pouvoir impérial, restauré dans les provinces du Kwanto au sein des orages de la guerre civile, il n’est plus même question. La seule prérogative qui reste au Mikado consiste à contresigner les arrêts du dictateur de Kamakoura, à consacrer en un mot sa propre déchéance.

Mais, tant d’empiètements sur le domaine de l’autorité mikadoniale, tant de réformes, pour la plupart éminemment utiles, ont eu pour résultat de pacifier le Japon. Durant une quinzaine d’années, tout au plus, que durera le pouvoir discrétionnaire de Yoritomo, le pays jouira d’une tranquillité inconnue depuis près d’un demi-siècle. Son influence se fera même sentir bien longtemps après lui. Nommé, en 1192, Sei-i-tai Shogoun, il communique à cette dignité, de fondation déjà ancienne, une importance qu’elle était loin d’a-