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qu’aux plus vulgaires sentiments de la famille. Il prit donc toutes ses mesures pour rendre purement nominales les fonctions du jeune et déjà désordonné Shogoun. L’histoire comparée des différents peuples nous apprend que les faits, dans leur enchaînement, sont soumis à une loi pour ainsi dire irrévocable. La poursuite effrénée du pouvoir engendre fatalement des Atrides.

Perdu d’excès, le successeur de Yoritomo se voit d’abord sommé de partager son douaire entre Sanétomo, son frère cadet, à peine âgé de douze ans, et son propre fils Itchiman.

C’est alors que, pour se soustraire à cette éventualité, et sur les conseils de son beau-père Hiki Yoshikazou, il conçoit le projet de se débarrasser une fois pour toutes de ses ascendants maternels. Mais il n’est pas assez habile pour tromper l’active vigilance des Hojo. Yoshikazou est assassiné, et Yoriyé, retiré dans un cloître, meurt lui-même étranglé sur l’ordre de son aïeul. Une troisième victime, bien innocente celle-là, n’arrête point le cruel Tokimasa. Itchiman périt à son tour, et Sanétomo, complice supposé de tant de crimes, entre finalement en possession de son héritage illusoire. Sanétomo, nouveau hochet aux mains des Hojo, se montra encore plus faible et plus dissolu que son malheureux frère. Entouré de concubines et de courtisanes, il passa sa courte existence dans les jardins de son palais, à jouer à la balle ou à griffonner des vers galants. Sa nullité politique en arriva même à fatiguer