Page:Eggermont - Le Japon, histoire et religion.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 84 —

Tokimasa, qui se mit en tête de le remplacer tout uniment par un de ses gendres nommé Hiraga, époux d’une fille née tardivement d’un second mariage.

Mais Massago s’élève résolument contre le terrible aïeul. Elle parvient à faire incarcérer Tokimasa et lui donne, de son chef, comme successeur à son poste de Shoukkenn ou de ministre d’État, son propre fils Hojo Yoshitoki.

Hélas ! Les hommes les plus éminents de cette époque d’anarchie sont tous, plus ou moins, souillés de sang ou entachés de trahison. Yoshitoki, politique habile et bon administrateur, n’échappa point à la règle générale. Exploitant la piété filiale du prince Kougio, fils de Yoriyé, retiré dans un monastère depuis la mort de son père et celle de son frère Itchiman, il l’incite à venger ses parents par la mort du Shogoun actuel. Sanétomo tombe frappé de sa propre main (1219) ; mais à son tour, Kougio est massacré par les soldats envoyés à sa recherche. Avec ce dernier prince s’éteint la branche principale des Minamoto.

C’est ainsi que, par la ruse et par le meurtre, les Hojo parvinrent enfin à jouir du fruit de leurs crimes, à l’ombre d’une double usurpation.

Comme les Foudjiwara l’avaient fait avant eux, les Shoukkenn transforment leur ministère en perpétuelle régence. Pendant près d’un siècle et demi ils savent imposer le joug à la dynastie régnante, comme aux pseudos Lieutenants militaires qui se succédaient l’un à l’autre. En d’autres termes, Mikados et Shogouns sont