Page:Eggis - En causant avec la lune, 1851.djvu/8

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Il existe ici-bas une classe d’hommes étranges. Ils portent des cheveux longs et bouclés comme le Christ. Ils ont dans leur large prunelle le regard fixe, ardent et profond des aigles, des lions et des rois. Ils aiment la lune, la mer, les montagnes ; ils vont souvent à la marge des grandes forêts, écouter chanter la nature, cette ode simple et sublime d’un grand poète qu’on appelle Dieu.

Ils passent à travers les foules, calmes, rayonnants et doux.

La France, cette chèvre Amalthée de tout ce qui est grand et de tout ce qui est beau, a, parmi les nombreux enfants qui chantent sous son beau ciel, beaucoup de ces hommes au front large, à l’œil fixe et grand, qui portent une étoile sur la lèvre et qui entendent, pendant la nuit, une harpe chanter dans leur cœur.

A côté des carrefours et des places publiques, il y a beaucoup d’hommes encore qui étudient comme Faust et qui croient comme Marguerite.

Pauvre enfant des grandes Alpes, dans mes fraîches et rêveuses matinées, écloses aux vagues et murmurantes har-