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Et vous vous endormez, sous la paix du ciel bleu,
Avec votre forêt, à la garde de Dieu !
III
Laissez-moi, laissez-moi vers mes neiges lointaines,
Mes vallons souriants où chantent les fontaines,
Vers mes monts éperdus, vers mes larges glaciers,
Où l’avalanche dort près des sapins altiers,
Laissez-moi, laissez-moi chercher les brises neuves ;
Je veux baigner mon front aux flots de nos grands fleuves,
Ma poitrine a besoin de l’air vierge des monts,
Des plaines trop longtemps j’ai foulé les limons,
Rendez-moi, sur les pics, le soir, le ranz des vaches,
Les bœufs vers l’abreuvoir bondissant sans attaches,
Rendez-moi les grands prés où paissent les brebis,
La jatte de lait chaud, le savoureux pain bis,
Au bord des bois fleuris la mousse et la bruyère,
Rendez-moi le soleil de ma verte Gruyère,
Rendez-moi la montagne ou bien je vais mourir.