Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/125

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Et je méprise trop toute l’humaine espèce
Pour me joindre au troupeau que la femme dépèce.
II
Mon bras dans aucun champ n’a tracé de sillons,
La soie ou l’or jamais n’ont sali mes haillons ;
Ne croyant plus à rien, nulle loi ne me gêne,
Au travers des humains, grand comme Diogène,
Je passe, libre et fier, en me moquant de tout.
Drapé dans mes haillons, j’ai promené partout
Ma misère sans tache et mon orgueil inculte,
Sans avoir jamais fait rien de bas ni d’occulte.
III
Dieu m’a volé ma mère au sortir du berceau,
En brisant de mes jours le plus large morceau,
Et jusqu’à quatorze ans ces mots de la tendresse,
Si doux au jeune cœur auquel on les adresse,
N’ont jamais répandu sur mon cœur qui pleurait,
Leur ivresse divine où ma bouche aspirait.