Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/127

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Et j’ai vu, sur mon front durci par les voyages,
Le vent de bien des cieux promener les orages.
VI
L’eau de l’indifférence a, sous ses flots glacés,
Pétrifié mon cœur et mes esprits lassés,
Je suis mort ; rien ne bat sous ma mamelle gauche ;
Je suis trop orgueilleux pour que dans la débauche
Ou dans l’amour jamais je laisse ma vigueur
S’énerver et moisir de stupide langueur,
Je veux rester plus grand que tous ces nains difformes,
Et n’avoir rien d’humain que les traits et les formes.
VII
Quand je vais, pâle et fier, au travers des salons,
Bien des femmes souvent, aux yeux ardents et longs,
Ont jeté sur mon front que le dégoût harcelle,
De leurs yeux veloutés la brûlante étincelle.
Non pas que je sois beau. — Mais dans mes yeux distraits
Sous mes longs cheveux noirs j’ai gardé quelques traits