Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/168

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C’est l’oubli, n’est-ce pas, que boivent dans tes salles
Tes pâles voyageurs, riches, grands ou petits,
Car tous ceux qu’ont reçus tes portes colossales
De ton étrange hôtel ne sont jamais sortis.

Mais ce que j’aime en toi, sinistre hôtellerie,
C’est que toujours ta porte est ouverte au passant ;
Tous s’y viennent asseoir quand la gourde est tarie ;
On entre sans frapper, l’hôte est toujours présent.

Ô Mort ! gouffre infini, secret de flamme et d’ombre,
Je veux fouler aussi tes cryptes insondées ;
Je veux porter ma lampe au fond de ta pénombre,
Je veux verser en toi mes espoirs débordés !

Architecte inconnu des sphères et des mondes,
Ô poëte railleur du drame d’ici-bas,
Toi qu’on appelle Dieu ! — tous ces êtres immondes
Que le destin enchaîne en d’ignobles combats,