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Page:Eichhoff - Poésie héroïque des Indiens.djvu/94

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sur tout le sud de la péninsule. Quels étaient ces pirates au teint sombre, à la force athlétique, au riches ornements recueillis sur des plages aurifères au milieu de bosquets toujours verts, traversant agilement l’Océan, et bravant hardiment l’arc indien avec leurs javelots et leurs massues ? Nous croyons y reconnaître les nègres australiens, qui, établis dans la fertile Ceylan, quatorze siècles avant l’ère chrétienne, infestaient de là toutes les côtes et semaient au loin la terreur. Entre eux et les Aryas durent habiter, dans les gorges des monts Malayas, d’autres tribus complètement agrestes, étrangères aux uns comme aux autres, parlant un idiome inconnu, brandissant pour armes des pierres et des troncs d’arbres et n’ayant d’humain que le visage. Ne serait-ce pas l’ancien portrait des Malais ou Tamuls de race jaune, qui maintenant encore possesseurs du Décan, diffèrent tant des Hindous en traditions et en culture ? Râma, outragé par Râvana, le puissant despote de Ceylan, le chef des noirs Raxasas ou vampires, aurait eu pour auxiliaires ces Vânaras ou hommes des bois dans la guerre périlleuse et terrible qui lui fit traverser l’Océan, attaquer l’opulente Lankâ, y déployer une valeur surhumaine, et assurer enfin par sa victoire l’indépendance de l’Inde centrale et la suprématie du brahmanisme. Delà ces chants de triomphe et l’apothéose de Râma ; de là cet enthousiasme national perpétué à travers les siècles ; de