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Page:Eiffel - La tour Eiffel en 1900, 1902.djvu/16

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aborde ces grandes hauteurs de mille pieds, les pressions deviennent tellement considérables que l’on se heurte à des impossibilités pratiques qui rejettent l’édifice projeté au rang des chimères irréalisables.

Mais il n’en est pas de même avec l’emploi de la fonte, du fer ou de l’acier, que ce siècle a vu naître comme matériaux de construction, et qui a pris un développement si considérable. Les résistances de ces métaux se meuvent dans un champ beaucoup plus étendu, et leurs ressources sont toutes différentes.

Aussi, dès la première apparition de leur emploi dans la construction, l’ingénieur anglais Trevithick, en 1833, proposa d’ériger une immense colonne en fonte ajourée de 1 000 pieds de hauteur (304,80 m), ayant 30 m à la base et 3,60 m au sommet. Mais ce projet fort peu étudié ne reçut aucun commencement d’exécution.

La première étude sérieuse qui suivit eut lieu en 1874, à l’occasion de l’Exposition de Philadelphie. Il fut parlé plus que jamais de la Tour de mille pieds, dont le projet (décrit dans la Revue scientifique La Nature) avait été établi par deux ingénieurs américains distingués, MM. Clarke et Reeves. Elle était constituée par un cylindre en fer de 9 m de diamètre maintenu par des haubans métalliques disposés sur tout son pourtour et venant se rattacher à une base de 45 m de diamètre. Malgré le bruit fait autour de ce projet et le génie novateur du Nouveau Monde, soit que la construction parût trop hardie, soit que les capitaux eussent manqué, on recula au dernier moment devant son exécution ; mais cette conception était déjà entrée dans le domaine de l’ingénieur.

En 1881, M. Sébillot revint d’Amérique avec le dessin d’une Tour en fer de 300 m, surmontée d’un foyer électrique pour l’éclairage de Paris, projet sur le caractère pratique duquel il n’y a pas à insister.

MM. Bourdais et Sébillot reprirent en commun l’idée de cet édifice, mais leur Tour soleil était cette fois en maçonnerie. Ce projet soulevait de nombreuses objections qui s’appliquent d’ailleurs à une construction quelconque de ce genre.

La difficulté des fondations, les conséquences dangereuses qui pourraient résulter, soit des tassements inégaux du sol (tassements qui, dans le cas d’une Tour en fer, n’ont aucun inconvénient sérieux), soit