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Page:Eiffel - La tour Eiffel en 1900, 1902.djvu/34

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expositions, alors que la nouveauté des installations est l’un des éléments essentiels, sinon l’élément primordial du succès ?

« Certes les critiques étaient graves. Mais, en éloignant la Tour, on eût tout à la fois compromis le succès financier de l’entreprise et perdu une forte part du bénéfice qu’elle devait apporter à l’Exposition de 1889. Il ne restait donc à choisir qu’entre le Champ-de-Mars et la place du Trocadéro.

« L’adoption dece dernier emplacement n’eût fait gagner qu’une hauteur de 25 m environ, chiffre bien minime relativement aux 300 m de la Tour ; elle aurait donné lieu aux plus sérieuses difficultés pour l’assiette des fondations sur un sol profondément excavé par les anciennes carrières de Paris ; enfin le contact immédiat du monument avec le palais du Trocadéro eût certainement produit un effet désastreux.

« Il fallut accepter le Champ-de-Mars. Du reste, à côté de ses inconvénients, cette solution avait de réels avantages ; elle permettait notamment d’utiliser la Tour comme entrée monumentale de l’Exposition, en face du pont d’Iéna, d’éviter par suite la construction d’une entrée spéciale et de réaliser de ce chef une grosse économie, tout en dotant le concessionnaire d’une subvention de 1 500 000 fr.

« Cette dernière considération, qui avait si justement frappé M. Lockroy, n’a peut-être pas toujours été suffisamment appréciée. »

En d’autres termes, la Tour est née de l’Exposition ; sans celle-ci, il est probable qu’elle n’eût pas été édifiée ; elle devait donc contribuer à son embellissement et à son attraction, en même temps qu’elle en bénéficierait elle-même. Son emplacement ne pouvait dès lors être que dans l’enceinte même de l’Exposition. Si celle-ci avait été à Courbevoie, la Tour l’y aurait certainement suivie ; mais l’Exposition étant au Champ-de-Mars, il est peu sérieux de regretter que la Tour n’ait pas été édifiée sur le mont Valérien.

L’expérience a montré d’ailleurs que l’on ne pouvait faire un meilleur choix comme emplacement. La Tour formait en effet, dans celui qui a été adopté, une entrée triomphale à l’Exposition, et, sous ses grands arceaux, on voyait du pont d’Iéna se découper le Dôme central qui conduisait à la galerie des Machines et, de chaque côté, les dômes des galeries des Beaux-Arts et des Arts libéraux, où ils s’encadraient merveilleusement.