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VOLAPÜK & LINGVO INTERNACIA



devise :
Le mieux est l’ennemi du bien,
Le meilleur l’ennemi du mieux.


Il y a des moments où l’on pourrait douter de tout progrès, simple question d’apparence, car celui qui scrute la nature elle-même ne s’y laisse pas tromper et poursuit tranquillement sa route au milieu du tourbillon. Le progrès est inhérent à la nature et n’est en quelque sorte autre chose que le résultat de l’évolution indiquée depuis Darwin, et cela s’explique d’autant plus aisément si l’on n’envisage pas quelques époques remarquables de l’histoire universelle seulement, mais si l’on prend au contraire tout un ensemble de siècles.

Je crois pouvoir interpréter de la meilleure façon cette grande vérité par les expressions suivantes, intimement liées au sujet que je traite ici : écrire, imprimer, sténographier, aller en chemin de fer, téléphoner et « internationaliser ».

À mon avis, ces sept inventions devraient être considérées comme les sept merveilles du monde.

L’invention de l’écriture, représentation visible de nos pensées, servant à les transmettre à la postérité (du latin scribere, du grec graphein, c’est-à-dire graver dans les corps durs comme le bois, la pierre, etc., moyens primitifs de l’écriture, comme aussi de l’hébreu kathav, de la racine kath, séparer, couper), nous ramène dans la nuit des siècles et au temps des légendes.

Et, dans cet ordre d’idées, aucun progrès remarquable n’a été réalisé jusqu’à l’époque de notre moyen âge où l’art d’imprimer est alors venu répandre la culture intellectuelle, grâce auquel nous avons atteint ce haut degré de civilisation que nous possédons aujourd’hui. Depuis cette époque le progrès a marché à grands pas, les découvertes ont succédé aux découvertes, et, comme l’exprime notre