pères ne pouvaient nous envier nos conquêtes dont ils n’avaient encore aucune idée. C’est ce qui me faisait écrire un jour dans le Monde Illustré : « Si nos aïeux pouvaient sortir de leurs tombes, ils croiraient se trouver dans un monde tout autre que celui qu’ils ont connu » ; j’ajouterai aujourd’hui qu’il en serait de même de nous si nous reparaissions sur notre planète dans quelque cent ans d’ici.
La plus grande partie de nos contemporains n’ont encore aucune idée du Beau et du Sublime qu’ils ont devant eux. Ainsi, présentement, il y a un nouveau mot qu’aucune oreille humaine n’a encore entendu jusqu’à présent et le plus petit nombre seul peut s’en faire une idée exacte, bien que le mot volapüker ait cours déjà depuis une huitaine d’années. À cela rien de bien surprenant, car tout ce qui est nouveau, destiné à nous faire sortir de notre vieille routine a toujours eu ses contradicteurs et doit surmonter d’énormes difficultés avant de pouvoir arriver à se faire jour ; telle, il y a un demi-siècle, la sténographie qui a dû longtemps combattre les préjugés des savants, aussi bien que des ignorants. Aujourd’hui, grâce à la sténographie, les mots s’écrivent aussi vite, par abréviation, qu’ils ne se parlent et de cette manière aucun discours important ne peut plus être perdu pour la postérité ; c’est un art qui a déjà pénétré toutes les couches de la société.
Ce mot, auquel je faisais allusion plus haut, qui a eu comme prédécesseur le mot volapüker — ce qui dans la langue artificielle de Schleyer, veut dire correspondre en volapük — ce nouveau mot s’appelle, je l’emploie pour la première fois, internationaliser, et ce produit le plus beau, le plus facile, le plus conséquent, le plus simple de combinaisons internationales, c’est la « lingvo internacia » (la langue internationale). J’arrive ainsi au véritable sujet de cette étude.
Charles Wartimberg a dit il n’y a pas longtemps : « Si l’on étudie l’histoire de la civilisation, on trouve que toutes les idées d’affranchissement, de progrès, de même que toutes les évolutions n’ont pu se généraliser qu’après une lutte passionnée et une opposition violente avec la science officielle ».
C’est ainsi qu’il en a été du volapük.