internacia que j’ai fait imprimer dans ma grammaire[1], y apprendra à connaître un homme de la plus grande modestie, à la parole claire et sans équivoque. Tout ce qu’il dit de sa langue et de son avenir est exposé d’une façon si savante que l’on serait porté à croire que son auteur est un homme déjà d’âge mûr : le Dr Esperanto a trente ans à peine.
Il ne se nomme pas l’inventeur, mais l’initiateur de la Lingvo internacia, c’est-à-dire langue intermédiaire venant s’ajouter aux langues nationales existantes, et il abandonne volontiers à un Congrès le droit de juger de la valeur de son système.
Il ne faudrait pas, cependant, méconnaître le mérite de Schleyer qui est incontestable ; c’est lui — et l’histoire universelle en fera mention — qui a travaillé de la façon la plus sérieuse et la plus constante, l’idée de former une langue artificielle neutre sur le modèle des langues naturelles, façonnant ainsi, non plus comme Leibniz l’avait recherché, un langage de signes, mais une langue de mots, formée de sons et pouvant servir par conséquent de moyen d’entente aux gens instruits de toutes les nations.
Schleyer qui s’occupait avec amour, depuis sa jeunesse, de l’étude des langues, s’aperçut vite que les plus grandes difficultés des langues nationales étaient dans leurs irrégularités, soit dans l’orthographe, le phonétisme, la grammaire, la formation des mots ou bien encore dans la façon d’exprimer les pensées, et c’est à lui que revient le mérite d’avoir ramené toutes les déclinaisons et conjugaisons rendues généralement si difficiles, par leurs nombreuses anomalies, à une seule déclinaison et à une seule conjugaison régulières. Schleyer est donc le fondateur, le père pour ainsi dire, des langues scientifiques actuelles. Il n’est donc pas étonnant que le Volapük de Schleyer ait fait sensation, car avec les voyelles a, e, i, o, u, dans leur ordre alphabétique, on se trouvait à même d’entreprendre
- ↑ La Lingvo internacia comme meilleure solution du problème d’une langue universelle internationale. Avant-propos, grammaire et style avec une liste de radicaux d’après le projet du docteur Esperanto, arrangé pour la première fois et remanié par Léopold Einstein. Nuremberg 1888. J.-A. Stein (librairie artistique) éditeurs. Prix : 1 mark.