Page:Einstein - L'Internacia, trad. Demonget, 1889.djvu/18

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5. Pour pouvoir l’écrire facilement, il suffit que chaque lettre ait sa prononciation invariable, et que chaque mot soit exactement écrit comme il est prononcé. Hans Moser résume ces principes en disant :

  1. Communauté du radical.
  2. Invariabilité de celui-ci.
  3. Prononciation des syllabes radicales concordant avec la manière d’écrire les mots.

En ce qui concerne la communauté du radical, on peut dire que Schleyer a, en général, touché juste en empruntant le matériel des mots, nécessaires à son Volapük, d’abord à l’anglais, puis au français et enfin à l’allemand, bien que les savants ne soient pas encore d’accord sur ce point.

Si je vous montrais ma volumineuse correspondance, vous verriez que l’un de nos plus grands anthropologues émet l’idée de mettre directement le sanscrit à contribution pour la formation des mots nécessaires à une langue universelle. Un autre, un de nos géographes les plus distingués, voudrait que l’on prit tout simplement l’anglais — opinion qui est généralement répandue en Allemagne — mais, comme je l’expliquerai bientôt dans la deuxième brochure que je vais faire paraître, cette idée doit être abandonnée. Un troisième, agrégé d’une des Universités les plus importantes de Hollande, tient absolument à prendre comme base le grec. Chacun, comme on le voit, a sa petite marotte.

J’avais une fois moi-même commencé à transformer à cet usage la langue hébraïque, et, sans avoir eu besoin d’estropier les radicaux comme Schleyer et Bauer, elle aurait été 20 % plus courte que le Spelin de Bauer et 40 % davantage que le Volapük de Schleyer ; mais, j’ai dû finalement convenir moi-même que les mots hébreux n’étaient pas précisément connus de tous ; de plus, les nombreux sons gutturaux, que je cherchais à remplacer par g et k, m’occasionnèrent beaucoup de difficultés, de sorte que j’abandonnais bientôt cet essai infructueux. En fait de k cependant, il n’y en aurait guère eu davantage que dans le Volapük de Schleyer. Le défaut principal de cette langue c’est que Schleyer n’a pas observé le deuxième principe que Moser a appelé l’invariabilité du radical. Ainsi Schleyer a estropié, souvent jusqu’à les rendre méconnaissables, les mots