étendues à l’aide de nouveaux radicaux français ou allemands, que l’on est en état, dis-je, avec tous ces moyens qui s’offrent à nous si abondamment, d’exposer toutes nos pensées de vive voix comme par écrit, pour être compris de la même façon dans tout l’univers. Il y a encore un assez grand nombre de professeurs de langues qui n’ont aucune idée du style simple international, grâce auquel on évite les différents idiotismes, comme la grammaire internationale permet d’éviter les irrégularités des langues nationales ; la faute leur en incombe parce que leurs préjugés et même les intérêts de clocher leur défendent de s’en persuader.
Nous avons donc constaté que Schleyer a rendu les mots étrangers les plus usuels, par leur transformation, c’est-à-dire leur adaptation à sa grammaire, si méconnaissables, que, positivement, il faut les apprendre de nouveau ; à les entendre, ils nous paraissent même parfois enfantins, comme par exemple fotogaf pour photographie, telegaf pour télégraphie, pofüd pour profit, Deut (prononcez Dé-oute) pour Allemagne, Pleus (prononcez Plé-ousse) pour Prusse, gel pour orgue, solat pour soldat, et l’hilarité est déjà provoquée lorsque des mots comme tidél : maître d’école, tedél : négociant, tudél : aujourd’hui, sont lus avec l’accentuation allemande : tidel, tédel, tudel, etc. Pour beaucoup de mots étrangers, Schleyer a même eu recours à la périphrase comme dans nosanum (nombre de rien) pour zéro ; sumon (surargent) pour agio ; potamon (argent de poste) pour port ; planaglofam (croissance de plante) pour végétation ; lienastum (instrument pour les lignes) pour règle ; filabel (montagne de feu) pour volcan ; bæledamon (argent d’âge) pour pension ; bukakonlet (collection de livres) pour bibliothèque ; etc. En outre, il y a beaucoup de mots dont l’origine restera toujours une énigme, même pour les polyglottes, comme par exemple, glœt jalousie, qui se distingue à peine dans la prononciation de Klœd, croyance.
Tandis que le Dr Esperanto, pour former son matériel de mots, n’a pris comme radicaux que les mots généralement les plus usités, résolvant ainsi magistralement, pour la première fois, le problème lexicologique d’une langue universelle, Schleyer n’a pas eu la moindre conception de