Page:Einstein - L'Internacia, trad. Demonget, 1889.djvu/33

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critique négative, de quelle façon on doit former les mots d’une langue si ce n’est en prenant les radicaux des trois principales langues naturelles et de les modifier au besoin suivant le bon principe, le seul véritable : « la plus grande brièveté possible et la facilité phonétique. »

Je me permets de demander humblement à M. le professeur s’il maintient ce qui précède, après toutes mes explications, et quelles sont, d’une façon générale, les objections qu’il a à présenter. J’attends en vérité impatiemment sa réponse[1] ; pour moi, la comparaison que j’établis aujourd’hui entre le Volapük et la Lingvo internacia est celle du bateau à voile avec le bateau à vapeur, et il ne me vient plus à l’idée de me servir du premier, ce que tout homme d’un peu de bon sens approuvera, je pense ; il faudrait être en effet volapükiste enragé pour préférer, quand même, le premier au second. Si insensé que cela paraisse, il y a bien eu déjà de ces gens qui, par principe, n’ont voulu à aucun prix se servir du chemin de fer !

Le vocabulaire de Schleyer est donc, malgré ou justement à cause de sa brièveté, un fatras inutile, demandant une grande mémoire, et Hans Moser dit avec raison : « Un système de langue universelle ne doit pas mettre par trop la mémoire à contribution. » À quoi sert en effet la brièveté, si en écrivant, par exemple : Dokele Alfred Kirchhoff, plofed nivera Halle, je ne suis pas compris de suite et qu’il faille chercher d’abord chaque mot dans le dictionnaire, sans pouvoir encore comprendre ce que j’aurai trouvé ; pourquoi chercher ainsi, de midi à quatorze heures, tandis que tout le monde me comprendra, de suite, si j’écris à la Esperanto : Al doktoro Alfred Kirchhoff profesoro de la universitato Halle. Avant d’avoir trouvé les mots dans le dictionnaire de Schleyer, j’aurai déjà peut-être lu la carte tout entière du Dr Esperanto. De quel côté, je vous le demande, est donc la plus grande brièveté, la plus grande clarté et le plus grand bon sens ? Je ne veux pas m’y attarder plus longtemps, car la chose est trop naïve, et il faut vrai-


    parce que cette Société n’existe plus. (M. Kniele doit en connaître les motifs !) On le voit, le nombre des renégats augmentent et il est bien injuste de me comprendre seul dans la secte d’excommunication de Schleyer.

  1. Je l’attends encore ! (Mai 1889).