Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/117

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et de poissons, qu’ils ne se parlaient plus, même pour les besoins du service.

Quand le phare s’allumait, Charrier rentrait sa longue-vue et cessait de regarder la mer.

— C’est à eux autres de veiller, disait-il.

Et plus rien au monde ne lui aurait fait aider les garde-phare. Au contraire il se réjouissait de les prendre en faute. Sa femme rôdait sans cesse de leur côté, aux écoutes, aux aguets ; et lorsque passait l’ingénieur, ils l’assommaient de bas racontars. Charrier prétendait que Piron levait ses lignes et tuait ses lapins, d’où la mésentente. Les premiers temps, Jean-Baptiste avait riposté pour se défendre ; maintenant il ne soufflait plus mot, à l’exemple de Sémelin le taciturne.

L’administration avait décidé de déplacer ces geigneurs. Et Jean-Baptiste, un peu pour narguer les partants, curieux aussi de leurs successeurs, s’était venu camper en face de la jetée.

Les mouettes tournoyaient sur la mer déserte ; pas une voile, sauf celle de Martroger qui s’engageait maintenant sous l’îlot. Jean-Baptiste distinguait, à bord, une grande coiffe ailée et la tache rouge d’un caraco qui le firent s’exclamer d’étonnement. Penché en avant, il fronça les paupières, et tout à coup remontant la falaise, il se dirigea résolument vers la cale.

La Gaude ! C’était bien la Gaude, assise sur la