Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

venait de quitter et vers laquelle s’en vont toujours les regards des hommes, si loin qu’ils aillent dans le large, parce qu’elle est la mère et qu’ils sont pétris de sa poussière.

— Te v’la r’venu tourner dans mes jupes, fit la jeune femme.

— Oh ! c’est quasiment pour vous donner la main…

— Ben rentre donc ces deux sacs-là.

Jean-Baptiste se mit docilement à l’œuvre, Gaud le regarda, en toussotant, enlever d’un coup de biceps une lourde poche. Il s’approcha soudain de l’autre, l’empoigna et la hissa nerveusement à la maison. La femme cria :

— Lâche donc ça ! tu vas t’faire du mal !

Mais en ressortant il bougonna :

— Tu crois déjà que j’suis foutu !

À cette remarque Piron se sentit honteux de sa force, et fit le gros dos pour dissimuler sa carrure. La femme les observait tous les deux, Gaud le malingre et lui, avec des yeux clairs, pleins de sourires. La comparaison le gêna et il proposa en manière d’excuses :

— Venez-vous voir le phare ?

La femme accepta joyeusement. Elle n’en avait jamais visité. Gaud grommela en ramassant sa lunette :

— J’ons point l’temps.