Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/140

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veau troublé de désirs. Quand il l’avait vue, tout à l’heure, à moitié nue, le sang ne lui avait fait qu’un tour, et il avait fallu qu’il la retrouvât coûte que coûte, même s’il avait dû passer sur le corps de quelqu’un pour la revoir.

Elle s’habillait tranquillement devant lui, insoucieuse de montrer sa chair, peut-être heureuse, car son visage, quand la bougie l’éclairait, paraissait ouvert de satisfaction.

Sans doute l’hommage violent de ce mâle était bon à recevoir, et elle s’attardait dangereusement à le savourer. Mais elle tenait Jean-Baptiste à distance, esquivant toujours ses bras qu’il lançait parfois vers elle, comme un homme à la mer, aussi bien que la promesse de se donner qu’il voulait obtenir.

Par la fenêtre, on vit bientôt le ciel s’engrisailler d’une aube sous nuages. Un coq claironna et le froid du matin, qui pince les endormis, se glissa aux joints des portes.

— T’as pas peur de rencontrer Gaud, fit la jeune femme, s’il rentrait ?

Jean-Baptiste rit en bombant le thorax avec défi. Elle admira ce gars puissant dont les mains lui mâchaient les poignets qu’il avait saisis, d’une manière douloureuse et bonne à la fois.

— Faut t’en aller, reprit-elle, v’la l’ jour…

— Pas avant qu’ tu m’ayes embrassé.

— Tiens donc, grosse bête !