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Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/142

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Sémelin regarda la mer tranquille sous un soleil de printemps qui avait refoulé les nuages. Elle frissonnait joyeusement de l’échine dans la bonne lumière des premiers beaux jours, et la transparence de son eau, le long des falaises, découvrait l’épanouissement moelleux des chevelures qui font croire aux légendes. Il ne semblait pas possible qu’elle eût tué des hommes cette nuit et recelât des cadavres.

Sémelin fit mettre à l’eau la yole du sémaphore où il embarqua, muni d’une bougie et d’un sabot. Gaud prit les avirons et ils tournèrent l’îlot par le sud pour gagner la côte des épaves. Des sloops de l’Herbaudière louvoyaient dans la Grise, chassant les fûts de vin, les caisses de biscuits, les balles de coton, les débris de gréement, tout ce qui flottait, tout ce qu’on pouvait ravir à l’océan.

— Bonne aubaine pour les frères, dit Gaud.

— Le bien d’autrui tu ne prendras, grommela le vieux.

Et comme Gaud tentait de lever des casiers au passage, Sémelin le gourmanda d’une voix grave :

— Les morts nous attendent.

Ils rencontrèrent une pipe, un seau à bosse et une paillasse. À demi submergés et ballotés, les objets prenaient au loin des formes étranges et changeantes. Un simple remous révélait la barrique pleine dont une douelle, parfois soulevée, luisait