Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/153

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clair, le front tranquille. Seulement la Louise est plus petite et n’a pas cet élancement, à la fois ample et souple, d’arbuste, qui fait dire de l’autre « qu’elle a de la branche ».

Jean-Baptiste regrettait chaque jour plus violemment son absence, et il guettait ce moment du crépuscule où le feu du Pilier paraît soudain au loin, pas plus gros qu’une étincelle. Il savait que la Gaude était au bas de la tour qui lui faisait signe et il tentait d’imaginer ses occupations.

Cependant, avec la nuit, une fièvre malsaine l’envahissait, lui donnant ensemble le dégoût du travail et le besoin de se dépenser. Sur la route qui mène à Noirmoutier, au travers des marais plats, il marchait alors, avec frénésie, à grands pas exténuants, puis il se lançait au travers des bossis pour sauter les étiers. Mais toujours, de plus en plus éclatant, l’œil du grand phare clignait au loin, comme un appel.

Jean-Baptiste connaissait des filles faciles dans le village. Plusieurs fois déjà, il était descendu au port, à la sortie des usines, pour tomber dans le remous des cotillons. Ses paletots de molleton, sa casquette à ancre d’or et sa bonne mine avaient du succès ; Il était entouré de petites faces vives, un peu sournoises, qui l’épiaient. Plus hardies, la fille à Charrier, qui a le vice dans les yeux, et la