Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/169

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Maintenant il ne lui restait plus que la joie mauvaise d’avoir contrarié Gaud par son retour imprévu. Ils croyaient si bien tous que la mort du père l’aurait quelque temps éloigné ! Mais ils ne connaissaient pas Jean-Baptiste Piron, un gars qui avait du cœur au ventre et des bras pour enlever une femme, quand il voulait !

En goût de défi, l’énergie provocante, il jura de regarder Gaud face à face, désormais ; en adversaire. D’ailleurs, il n’avait jamais dissimulé, la ruse des villes n’étant point le fait des gens de mer. Mais au début, s’il s’effaçait devant le mari, c’était qu’il retrouvait en lui la Gaude et n’avait point de désirs impérieux.

À présent la victoire serait au plus fort, au delà des droits. Et il se mit à exécrer l’homme, d’autant plus qu’il le savait jaloux.

À l’Herbaudière on se moquait de Gaud « qui couvait sa femelle, disait Perchais, quasiment comme un œuf, sans la faire éclore », car elle n’a jamais eu d’enfants. Il s’est souvent battu pour elle et n’a pas toujours été le plus fort, témoin cette dernière lutte où Double Nerf lui a troué les côtes. La hantise du cocuage l’a rendu sournois. Il rôde, guette et ricane pour dissimuler ses soupçons. Il s’ingénie pour attacher sa femme, alors qu’elle le tient, ainsi qu’un chien en laisse, sans y prendre garde, par la seule puissance de sa chair.