Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/192

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avec sa grosse chemise de toile bise et l’enlève par-dessus sa tête. Elle est nue. Elle quitte ses sabots et s’élance brusquement dans le soleil.

Le hâle coupe ses jambes, ses bras, sa gorge, rehaussant la blancheur de son corps par l’opposition des extrémités cuites. Jean-Baptiste la mange des yeux, halète. L’eau qui bruit quand elle y entre lui bourdonne aux oreilles. Il est fasciné par la croupe fastueuse sur des cuisses puissantes.

La mer monte au ventre de la femme. Elle a un frisson, plonge ses bras qu’elle frictionne, avance. Dans l’eau, ses formes paraissent d’un blanc verdâtre, ondoyantes et lumineuses. Le passage de la mer à la femme est insaisissable ; l’onde se continue dans la chair qui s’étend à l’onde. Elle nage et s’allonge de son sillage, tandis que ses épaules, entre sa chevelure d’ébène et le cristal glauque, resplendissent comme un marbre. Jean-Baptiste est debout, l’œil injecté, à moitié fou et entre ses mains il appelle sourdement :

— Marie ! Marie !

Elle prend pied, émerge ruisselante, les seins tremblants, aperçoit le gars et sourit au moment où un sabot rase la tête de Jean-Baptiste et se brise contre le roc.

Il se tourne pour recevoir le second en pleine mâchoire. Il chancelle, hurle, crache du sang et des dents. Gaud est déjà sur lui, le couteau à la