Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/191

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Les chaleurs le retinrent chez lui. Il redoutait le soleil que méprisait sa femme. Tête nue, gorge et bras nus, elle promenait glorieusement dehors sa peau brune qui accrochait la lumière. À peine si elle se vêtait, même, d’un caraco libre et d’un cotillon court sous lesquels gonflait son corps comme mûrit un fruit.

Un matin, — il était onze heures — Jean-Baptiste la vit descendre à la plage du phare, une langue de sable dans une mâchoire de granit. Il se cacha parmi les roches et guetta pour la surprendre.

Il y a déjà de l’ombre dans cette falaise, parce que le soleil gagne le sud en s’élevant. La grève renvoie, comme un métal, une lumière qui brûle les yeux ; les varechs ternissent, craquent de sécheresse et l’eau, évaporée, dépose du sel. Le silence est peuplé d’un fourmillement presqu’imperceptible, comme si la terre rissolait, et l’on s’aperçoit que l’océan fume lui-même aux lointains blanchis de vapeurs.

La limpidité de la mer donne une impression de fraîcheur bienfaisante. Elle est immobile et l’on suit la plongée du sol jusqu’à ses fonds. À peine si elle soulève par instant sa lisière, dans une ondulation qui fait grésiller le sable chaud.

En un tour de main, la Gaude a mis bas corsage et cotillon. Elle se frotte les reins une seconde