Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/22

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cheveux. Il songea : « C’est juste, son mari l’envoie aux nouvelles ! » Et il pensa lui dire, pour rire un brin : « Tu vois, ma barque est encore debout ! » Mais elle passa près de lui sans le regarder, les seins offerts dans leur forme tentante, quasi nus sous la cotonnade rose, les hanches vivantes et les mollets d’aplomb dans ses sabots vernis.

— Y a-t-il moyen d’avoir du coaltar ? demanda-t-elle.

— Ton mari est trop feignant pour venir ! dit François Goustan en descendant vers la jeune femme.

— Gaud est à dormir, répondit-elle.

— Tu l’as fatigué un p’tit !

— Et que j’en fatiguerais d’autres ! et c’est point vous tous qui me faites peur ! déclara-t-elle en riant de toutes ses dents éclatantes.

Les hommes rigolaient, couvaient la femelle du regard, remués déjà dans leurs instincts. Urbain Coët poursuivait paisiblement sa peinture.

Familièrement, la Gaude était venue parmi les mâles qui la palpaient, la chatouillaient, s’excitaient à dire des obscénités. Elle se roulait de rire, trémoussait sa chair ferme qui sentait la sueur d’aisselles et distribuait de rudes taloches pour jouer.

Le père Goustan ranimait des souvenirs dans sa